Bien qu’il n’existe pas de données officielles précises, certaines estimations suggèrent que 4 candidats sur 10 pourraient obtenir leur code de la route en trichant. Ce phénomène soulève des questions : comment est-ce possible et quelles complicités rendent cela réalisable ?
Une fraude à portée de main
Pour certains passer le code de la route est une étape contraignante pour pouvoir conduire leurs motos ou leurs voitures. Peu motivés à étudier, ils acceptent la solution proposée par une connaissance : un contact anonyme, quelques informations personnelles transmises par SMS, et deux mois plus tard, ils reçoivent un certificat en bonne et due forme. Montant de l’opération : 400 €. Une méthode rapide qui contourne les efforts nécessaires à l’apprentissage.
Les opérateurs privés au cœur du système
Depuis 2016, les examens du code sont organisés par des opérateurs privés. Les candidats répondent aux questions via des tablettes ou ordinateurs dans des centres d’examen, où les contrôles semblent parfois laxistes. Dans certains centres on propose même une « aide » moyennant 350 €, permettant à une tierce personne d’aider discrètement le candidat durant l’épreuve.
Cette méthode, bien que risquée, attire de nombreux candidats, y compris ceux au permis poids lourd. Des formateurs pour conducteurs de bus et camions, témoignent que certains de leurs élèves ont admis avoir acheté leur code après plusieurs échecs. Sur les réseaux sociaux, des annonces circulent ouvertement, promettant un certificat contre environ 300 €.
Des contrôles renforcés, mais insuffisants
Les autorités, conscientes de cette fraude, intensifient les contrôles. Certains indices permettent de détecter des irrégularités : des taux de réussite anormalement élevés dans certains centres, des candidats obtenant le code sans fautes ou dans des régions éloignées de leur domicile. Ces observations ont conduit à la fermeture de 70 centres d’examen depuis le début de l’année, avec 6 000 épreuves annulées.
Cependant, ces mesures restent limitées. Lorsqu’un centre est identifié comme frauduleux, il peut rouvrir après une suspension de six mois. Pour un syndicat interrogé, cette tolérance est problématique : si un réseau est impliqué dans des fraudes, l’ensemble des centres affiliés devrait être suspendu pour dissuader efficacement ces pratiques.
Des risques lourds pour les fraudeurs
Acheter son code de la route de manière illégale n’est pas sans conséquence. Les candidats encourent jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende. Malgré ces sanctions, la fraude reste répandue, alimentée par des opportunités accessibles et une surveillance parfois insuffisante.
Cette situation pose des enjeux de sécurité routière et d’intégrité des examens, rappelant la nécessité d’une vigilance accrue pour garantir l’équité et la fiabilité de ce sésame indispensable à la conduite.